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Dernière minute : J’apprends que↩
Madame Lemarié (du moins je suppose↩
que c’est elle) est venue pendant que Céleste↩
qui ne sort jamais, ×××était allée chez sa belle sœur↩
rue Laffite. Je ne peux vous dire ma tristesse, si c’↩
était Madame Lemarié2. Je ne retarde pas↩
l’expédition des épreuves que vous↩
me faites dire « très pressées »3↩
en prolongeant ce mot.
Cher ami
Voici la fin de mon manus-↩
crit, plus les épreuves corrigées de 1 à 183. Elle se compose comme vous↩
voyez d’un gros cahier, et d’un↩
mince cahier. Le mince ayant↩
été arraché d’un plus gros et↩
recousu tant bien que mal, je le↩
crois un peu fragile. Quant à l’état ↩
matériel (je ne parle d’ailleurs que de↩
cela dans cette lettre) des pages de ces cahiers,
je crois celles du mince beaucoup↩
moins malades que celles du↩
gros, lequel aura sans doute besoin↩
des soins merveilleux de chartiste↩
qu’a votre dactylographe4. Les é-↩
EllesLes épreuves corrigées vous sont portées avec↩
preuves corrigées de la page 1↩
le manuscrit5↩
à la page 184, vous seront portées↩
demain. Votre imprimeur lit mon↩
écriture d’une façon confondante.↩
En revanche quand il a à faire à↩
l’imprimé de Grasset, il change,↩
il saute des mots, des phrases. Les
caractères ne seront pas aussi fins que sur les↩
épreuves n’est-ce pas, car ce serait illisible.↩
Je suis à vos ordres pour Grasset6. Néan-↩
moins, étant donné que je suis en ce↩
moment vis à vis de lui comme vous savez↩
dans une position assez mal définie et qu'↩
il ne cherche qu’un prétexte pour modifier,↩
je crois qu’il vaudrait mieux ne pas lui en↩
donner l'a ofacilité en me faisant écrire, et↩
il me semble que sur ce point accessoire et
qui va de soi, il est tout naturel que vous↩
lui écriviez : « Devenu éditeur de M. Proust↩
je désire, d’accord avec lui, vous racheter↩
etc »7. Il a d’ailleurs une grande considéra-↩
tion pour la N.R.F. Je n’ai pas encore↩
reçu de réponse de Montesquiou. Peut’être↩
d’ailleurs votre ami est-il allé chez lui↩
muni de ma lettre. S’il a été bien reçu dites le↩
moi, pour que je remercie Montesquiou. J’ai trou-↩
vé que votre nouvelle figure (rasée) vous seyait↩
admirablement. Je vous aime sous tous les aspects mais
celui-là m’a paru fort heureux.↩
Cher ami, par discrétion, par↩
manque de forces, par peur d’↩
abuser des vôtres, je ne vous ai↩
pas parlé dans cette lettre de la↩
chose à laquelle je pense le plus, votre voyage↩
(que j’ai appris tout récemment et↩
par hasard8) et l’effet qu’il pourra↩
avoir sur votre santé. ̶ . Quant à Grasset↩
plus j’y pense, plus mon idée (à laquelle↩
je suis tout prêt à renoncer) me semble↩
avantageuse. Dès que vous allez être↩
parti, je serai livré à ses sollicitations,
et bien entendu je n’y cèderai pas.↩
Mais en lui écrivant, vous éditeur,↩
et éditeur respecté de lui, vous coupez↩
les ponts. Je crois que ce serait↩
mieux.↩
Bien affectueusement à↩
vous cher ami
Marcel Proust
Il y a dans ces épreuves, il y↩
aura dans les autres, certaines pages↩
(pour les 4 volumes peut’ être 4 ou↩
5 pages) dont je ne peux pas savoir↩
avant d’avoir tout corrigé si elles
n’émigreront pas dans une autre partie. D’une part dans↩
un ouvrage aussi long, un morceau risque d’avoir↩
été placé deux fois et comme mon livre n’est pas une↩
Iliade, ces redites seraient inexcusables. D’autre↩
part il y a une question d’équilibre que je n’↩
apercevrai qu’une fois l’ensemble vu. Mais je crois↩
que ces transferts même s’ils se produisent n’↩
entraîneront pas l’interchangement de plus de↩
35 ou 6 pages9. ̶ . Je vous avais dit que dans mes↩
épreuves corrigées il n’y avait qu’un bis, il y en a 2 ou↩
3, et même un ter, le 152ter dont la petite déchirure ne signifie rien.