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Pardonne-moi mon↩
silence. Depuis que j'ai↩
déménagé2, des crises inin-↩
terrompues m'ont mis dans↩
un état de dépression tel↩
que je ne pouvais même↩
pas signer un exemplaire↩
de mes livres3. Pour comble la
N.R.F. m'ayant envoyé↩
qq. exemplaires j'en ai↩
pris une pile pour en dédi-↩
cacer q-quns. Mais à↩
peine j'en avais signé↩
trois, je me suis aperçu↩
que les autres étaient↩
des 3es éditions4. Je↩
vais faire faire des↩
recherches chez les↩
libraires pour avoir
des première édition, et aussitôt je↩
t'en enverrai une de chacun de mes↩
livres. Si tu vois des gens5 à qui j'↩
aurais dû envoyer mes livres et qui ne↩
l'ont pas reçu (et le recevront bien↩
n jour, dès que j'aurai ces 3 1re↩
édition) excuse-moi je t'en prie. Ainsi↩
par exemple Chaumeix, la Comtesse de
Noailles, la Pcesse de Chimay, la Pcesse↩
de Polignac, la Ctesse Greffulhe, Barrès↩
etc, Léon Blum pardessus tous. Crois-↩
tu que je peux envoyer (j'en ai) des 2e↩
et 3e éditions ?)6.
Mets aux pieds de↩
la Princesse7 mes hommages de plus grande↩
admiration respectueuse
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Mon cher Antoine
Pardonne-moi mon silence. Depuis que j'ai déménagé2, des crises ininterrompues m'ont mis dans un état de dépression tel que je ne pouvais même pas signer un exemplaire de mes livres3. Pour comble la
N.R.F. m'ayant envoyé quelques exemplaires j'en ai pris une pile pour en dédicacer quelques-uns. Mais à peine j'en avais signé trois, je me suis aperçu que les autres étaient des troisièmes éditions4. Je vais faire faire des recherches chez les libraires pour avoir
des première édition, et aussitôt je t'en enverrai une de chacun de mes livres. Si tu vois des gens5 à qui j'aurais dû envoyer mes livres et qui ne l'ont pas reçu (et le recevront bien un jour, dès que j'aurai ces 3première édition) excuse-moi je t'en prie. Ainsi par exemple Chaumeix, la Comtesse de
Noailles, la Princesse de Chimay, la Princesse de Polignac, la Comtesse Greffulhe, Barrès etc., Léon Blum par-dessus tous. (Crois-tu que je peux envoyer (j'en ai) des deuxième et troisième éditions ?)6.
Mets aux pieds de la Princesse7 mes hommages de plus grande admiration respectueuse
Ton
Marcel Proust
- 1.
- Cette lettre est datée de [vers la fin de
juin ou aux premiers jours de juillet 1919] par Ph. Kolb, d'après les allusions de
Proust à la publication de ses livres (note 3 ci-après) et aux raisons qui
l'empêchent d'en envoyer des exemplaires à ses amis (notes 4 et 6). Voir aussi la
note 5. [PK]
- 2.
- Contraint de quitter le 102 boulevard
Haussmann, Proust habite le 8 bis rue Laurent-Pichat depuis le 31 mai 1919. Voir sa
lettre à Madame Catusse du [1er juin 1919] (CP 03792 ; Kolb, XVIII, nº
111). [FP]
- 3.
- La lettre de Gustave Tronche du 15 juin 1919
(CP 03802 ; Kolb,
XVIII, nº 121) promet à Proust que ses volumes récemment parus aux Éditions de la
NRF (À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pastiches
et Mélanges, et la réédition de Du côté de chez
Swann) seront chez tous les libraries de Paris « à la fin de la
semaine », c'est-à-dire le samedi 21. [PK]
- 4.
- Dans sa lettre du 4 juillet 1919 (CP 03841 ; Kolb, XVIII,
nº 160), Tronche explique que les demandes de première édition ont été si nombreuses
qu'il a dû envoyer à Proust des deuxième et troisième éditions. [PK]
- 5.
- Le destinataire doit se trouver à Paris.
Le Figaro du 26 juin 1919 annonce, p. 4, à la rubrique
Avis mondains, sous la mention « Arrivées à Paris » : « M. le prince
A. Bibesco ». [PK]
- 6.
- Dans sa lettre à Robert Dreyfus du
[1er ou 2 juillet 1919] (CP
03829 ; Kolb, XVIII, nº 148), Proust explique les
difficultés qui l'ont empêché d'envoyer ses livres aux critiques et à ses amis. [PK]
- 7.
- La princesse Elizabeth, née Asquith, mariée
avec le destinataire depuis la fin d'avril. [PK]